Pascal Mouneyres
—20 sons
Jennifer Walshe, voix
Yoko Higashi, création sonore
Madame Saltimbanque a des superpouvoirs : elle chante comme Klaus Nomi sous la douche, danse comme une reine du Buto sous électrochocs, délivre la musique concrète et l'électro de leurs chapelles gothiques. Elle parle aussi le français avec un accent plus léger qu'un haïku. Lorsqu'elle se pique de création radio, Wonder Yoko vampirise Tokyo ou le reste du monde. Grâce à sa super acuité auditive, elle aspire les fluides sonores et en tire de belles plages contemplatives et baroques. Une mutante équipée d'un Nagra. Nagrasaki ? En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Arnaud Rivière, electro-acoustique
Trafic au rayon bricolant : tiges de ferraille dans la table de mixage et pinces croco multicolores, ça rentre la sortie dedans. C'est pas du tout fait pour mais ça n'empêche. Un électrophone, plutôt plastique, renforcé pour encaisser. Pas forcément des disques et même certains en métal. Tant que ça tient. Au contraire des capteurs qui se collent là où ils tombent, mais pas toujours. Avec des ressorts, en revanche. Bref et sinon, punk D.I.Y., feedbackophile non repenti, Arnaud Rivière se débrouille avec l'accident et l'électro qui tranche. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Joachim Montessuis, mur du son
A quel volume sonore entre-t-on en transe ? Combien de décibels pour pousser la conscience au bord du gouffre ? Joachim Montessuis répond : à fond les potards. Plus la dose est forte et plus le son, ce sérum de vérité, te révèle à toi-même. A la fois moine sonique et médium transgenre, Joachim Montessuis conduit son public à l'exode, loin du divertissement et du confort, vers des zones de tensions pure. Ses performances sont des défis à l'entendement. Mais derrière le mur du son, l'espace est vierge et la pensée plus douce. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Anne-James Chaton, voix
Attention, poésie de pickpocket. A-J Chaton te fait les poches, non pour dérober ta carte gold, mais plutôt les traces de ta frénésie consumériste : tickets de caisse, reçus, relevés... Un ready-made fonctionnel qui te montre plus nu que les scanners corporels des aéroports. Pour être encore plus impudique et te faire froid dans le dos, Chaton égrène les grandes et les petites lignes de ta vie surveillée d'une voie grave et sans affect. Une façon de s'absenter de soi-même pour mieux se tenir à distance d'un mode hostile, en crooner désincarné et robotique. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Didier Aschour, guitares
Ne comptez pas sur le Montpelliérain pour pousser son auditoire dans les cordes. Ce guitariste subtil, fondateur de l'ensemble expérimental Dédalus, préfère l'accord sensible à l'accord raide. Didier Aschour prouve que le minimalisme n'a rien à voir avec le (presque) rien. D'une vibration, d'un changement de ton, d'un glissando magnétique, c'est un monde qu'il fait disparaître et un autre qu'il fait renaître. Un chaos microscopique qu'il rend audible à l'oreille nue. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Sophie Agnel, piano préparé
Sophie Agnel passe la plupart de ses concerts debout, penchée en équilibre sur les entrailles de son instrument, lui triturant les cordes pour qu'il crache jusqu'à la dernière goutte de son. Il faut perdre quelques a priori sur ce que c'est que 'jouer du piano' et accepter que le clavier n'en soit qu'une partie émergée. Une fois ce petit effort accompli, le monde qui s'ouvre est sidérant. Les frottements de cordes, les résonances, les effleurements des étouffoirs font un paysage musical où le temps suit un déroulement singulier et l'espace se remplit de sonorités inouïes. Un voyage passionnant dans le piano moderne. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Carole Rieussec, micro
Une pièce nue. Une baffle dans des bras féminins, une chorégraphie lente et attentive. Puis des infrabasses percutent les murs, des voix se font écho, des aigus glissent sur le sol. Carole Rieussec poursuit sa quête d'expérimentations déjà à l'oeuvre avec Kristoff K.Roll, le duo électro-acoustique qu'elle forme avec J-Kristoff Camps. Ici, c'est la rencontre de l'architecture et du son qu'elle met en scène. Jeu sur la diffusion des ondes et les propriétés acoustiques des surfaces : une écoute d'une rare finesse, entre l'infime et le spectaculaire. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
J-Kristoff Camps, son
Des bandes magnétiques qui s'affolent, des guitares qui lévitent, des solos de fouet (de cuisine)... J-Kristoff Camps est un fou sonnant. Moitié masculine du duo électro-acoustique Kristoff K.Roll, il joue 'L'Egaré', spectacle pour un homme seul et un fauteuil. Kraps, son personnage, a l'oreille obsessionnelle. A partir d'un quotidien détourné, Kraps prouve que c'est le son qui déclenche la vie, et non l'inverse. Entre fantasia de poche et magie noire, un théâtre sonore burlesque et réjouissant qui croise Jacques Tati, Tex Avery et Pierre Henry. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Alfredo Costa Monteiro, accordéon
Parce qu'il nous venge de certains traumatismes d'enfance, Alfredo Costa Monteiro est un héros. Ce que ce Portugais électro-acousticien fait aujourd'hui subir à l'accordéon, ce monstre ventru étudié durant son enfance, dépasse l'entendement, parce que jamais entendu. Un geste d'amour/haine qui par paradoxe rend l'instrument audible, ou presque. Rien de mieux depuis Yvette Horner et ses mains baladeuses. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Charles Pennequin, paroles
Charles Pennequin est vivant, c'est-à-dire dans la merde. Ou plutôt dans le marais salé du langage, cette gangue d'idées noires. Avec sa voix en guise de marteau-piqueur, Pennequin creuse des trous de colère hypnotique, de lyrisme débordant, d'humour mal peigné. Pour combattre la langue qui nous aliène, ce guerrier de l'action poétique a des armes : mégaphone, dictaphone, téléphone et jeux de mots en gros. Charles Pennequin performe dans les trains, dans la rue, sur les autoroutes. Charles Pennequin fait beaucoup rire et un peu peur. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Thierry Madiot, trombone
L'existence de Thierry Madiot ne tient qu'à un souffle : le sien est long, puissant et maitrisé. Quand il expire, ce soliste donne vie à son trombone, machinerie compliquée dont il tire des chants inédits. Ou à des trompes télescopiques de 7 mètres de long, lointaines cousines du didgeridoo. Thierry Madiot a donc un corps augmenté d'excroissances. Ou plutôt : les instruments de Thierry Madiot sont augmentés d'un corps. Qui se gonfle, craque et souffre quand il souffle. L'homme-tube a inventé la musique organique. En partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
eRikm & Jauniaux, DJ-voix
Ex-punk devenu Platini des platines, eRikm brise et concasse des galettes de cire dont il jette les tessons aux pieds de l'humble diva Catherine Jauniaux. Heureusement, la fille de Barbara, Janis Josplin et autres licornes à grande bouche ne touche pas terre quand elle chante. Un duo de solistes qui règne à l'improviste (et en improvisant) sur un beau bordel baroque. En partenariat avec le festival Sonorités.
Michèle Bokanowski, boucle
Une pièce maîtresse dans le paysage de la musique concrète, discrète mais plus tenace qu'une boucle de Pierre Schaeffer. Réputée pour ses indispensables B.O. des courts-métrages oniriques de son mari Patrick Bokanowski. En solo, elle compose d'amples rêveries à la finition luxueuse dans lesquelles se cachent de petites machines répétitives. Celles-ci dispensent une angoisse en velours mauve, dont elle détaille les rouages. En partenariat avec le festival Sonorités.
Charlemagne Palestine, orgue
Légende de la musique expérimentale, Charlemagne Palestine promène sa collection de peluches et de chemise hawaïennes sur toutes les scènes du monde en refusant les étiquettes, même celle de «musicien» ou de «minimaliste». Excessif et tonitruant, l'artiste américain prononce d'improbables discours fleuris que personne n'ose contredire, car celui qui fait si bien sonner l'orgue a toujours raison. En partenariat avec le festival Sonorités.
Jean-Michel Espitallier, mots
Jean-Michel Espitallier est un poète sonore ou non selon les nuits, toujours travaillé par le rythme, la frappe des mots, l'impact des formes nouvelles. Auteur de recueils dont le 'Théorème d'Espitallier', fondateur de revues et performer on the road, Espitallier est un doux obsédé. Normal qu'il s'adonne à ce genre littéraire anti-littéraire et répétitif qu'est la liste. Il en détaille ici mécanique et petits moteurs, en citant la Bible et Perec. Sonorités : des musiciens commentent leur son, en partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Rhys Chatham, guitare
Petit joueur, Rhys Chatham : à Montpellier, il propose un concert avec dix guitares, quand il en dirigea quatre cents lors de la Nuit Blanche 2005. Qu'importe, cette formation allégée est suffisante pour mesurer le sens de l'équilibre de ce seigneur new-yorkais à l'accent velouté : entre le punk et l'avant-garde, les Ramones et John Cage. Pas très loin de Sonic Youth, dont il est l'un des inspirateurs. Ancien disciple de La Monte Young, Rhys Chatham est un minimaliste devenu maximaliste par amour d'un rock indocile dont il donne une version hypnotique. One two three four, mais en boucle. Sonorités : des musiciens commentent leur son, en partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).
Bérangère Maximin, élastique
De la musique concrète version chipie : cette trentenaire parisienne redonne une vigueur inédite aux codes de l'électro-acoustique. Fraîcheur, palette sonore variée, imaginaire vitaminé : le mythique John Zorn ne s'y est pas trompé, qui a produit le premier album de Bérangère 'Tant que les heures passent'. La jeune compositrice démonte ici l'une des pièces maîtresses, tressée de cordes ukrainiennes et d'élastiques à cheveux. Une musique extensible et déformable à l'infini, qui fait ziing schkloong schhtuuum. Sonorités : des musiciens commentent leur son, en partenariat avec le festival Sonorités (Montpellier).