Épisode 13
Épisodes
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Épisode 1
Les poireux de M. FillonLes poireux de M. Fillon -
Épisode 2
Baisez utileBaisez utile -
Épisode 13
Sardines de campagneSardines de campagne -
Épisode 4
Les culottes de MarianeLes culottes de Mariane -
Épisode 5
Sardines de campagneSardines de campagne
« Méfions-nous des adjectifs »
Bookmakers #13 - L’écrivain du mois : Hervé Le Tellier
Né à Paris en 1957 sous un nom qu’il préfère garder pour lui, Hervé Le Tellier est l’auteur prolifique et « disparate » de trente-huit livres (romans, poésie, théâtre) publiés au Castor Astral, chez JC Lattès ou aux éditions Gallimard. Lauréat du Goncourt et best-seller surprise de l’année 2020 avec « L’Anomalie », cet ex-journaliste scientifique fut de 1991 à 2018 le « Papou » le plus facétieux de France Culture – tout en étant depuis trente ans membre émérite de l’OuLiPo, sémillant cénacle d’ingénieurs du verbe dont il préside aujourd’hui les assemblées généreuses en contraintes créatives.
En sus des ouvrages décortiqués dans ces trois épisodes de Bookmakers, citons ses « Contes liquides » publiés aux éditions de L’Attente et lauréats d’un prix de l’humour noir en 2013, qui rassemblent 80 rituels étranges venus de contrées imaginaires et signés d’un mystérieux « Jaime Montestrela », poète lisboète inventé de toutes pièces dont Hervé traduisit les œuvres – alors que Le Tellier, selon nos informations, ne parle pas du tout portugais.
En partenariat avec Babelio.
(3/3) Dans la boîte noire
« Il est une chose admirable qui surpasse toujours la connaissance, l’intelligence et même le génie, c’est l’incompréhension », écrit Victor Miesel, l’auteur de la confession suicidaire intitulée « L’Anomalie » planquée dans la soute du roman « L’Anomalie » d’Hervé Le Tellier, publié en 2020 aux éditions Gallimard. Mesdames et messieurs, prenez donc place à bord du vol Paris/New York AF006. Un jour d’été, ce Boeing 787 pénétra « quelques instants » dans les courants tourbillonnants d’un nuage « supercellulaire » semblable « à des dizaines d’enclumes soulevées par une main invisible ». Tous les passagers en furent notoirement secoués. Car, trois mois plus tôt, sur la même ligne, les mêmes passagers étaient déjà dans ce même avion... Voilà le point de départ de ce conte fantastique et souvent troublant, drôle ou doux-amer, comme si Woody Allen avait signé une saison de « Lost ». Ensuite, « les turbulences ont cessé et le soleil est revenu dans la cabine. C’est aussi la définition du Prozac. » Que s’est-il passé ? Comment ce récit choral très feuilletonnesque, qui carbure à la métaphysique tout en détournant les genres, a-t-il pu séduire les si sérieux jurés du Goncourt et voir en quelques mois ses ventes décoller vers le million d’exemplaires – du jamais vu, dans l’histoire de ce prix, depuis 1984 et « L’Amant » de Marguerite Duras.
« Choisir le protocole, agir avec méthode », lit-on à propos du tueur à gages sur lequel s’ouvre ce roman truffé de traits d’esprits, d’hypothèses spirituelles et de samples littéraires plus ou moins dissimulés. C’est ce qu’il convient de définir dans ce troisième et dernier épisode en mode avion, en compagnie toujours aérienne du commandant Le Tellier, suffisamment sage pour nous faire méditer sur cette humble évidence : « Le plus grand danger pour un écrivain, c’est de croire qu’il est écrivain. »
Bookmakers