Épisode 13
Épisodes
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Épisode 1
Les poireux de M. FillonLes poireux de M. Fillon -
Épisode 2
Baisez utileBaisez utile -
Épisode 13
Sardines de campagneSardines de campagne -
Épisode 4
Les culottes de MarianeLes culottes de Mariane -
Épisode 5
Sardines de campagneSardines de campagne
« Suivre un plan : l’horreur »
Bookmakers #11 - L’écrivain du mois : Sylvain Prudhomme
Né en 1979, Sylvain Prudhomme vit et travaille à Arles. Après une série de livres cosmopolites et expérimentaux dont nous parlerons beaucoup dans ce numéro, ce bref professeur de lettres est remarqué en 2014 avec « Les Grands », roman de deuil et d’amour en hommage au légendaire orchestre de Guinée-Bissau, le Super Mama Djombo. Son art du sensible se déploie ensuite autour des deux frères de « Légende » (2016) et le succès vient avec « Par les routes » (2019), hymne à la liberté d’un auto-stoppeur évanescent, influencé par les travaux de l’écrivain et plasticien Edouard Levé ; le roman décroche le prix Femina et s’écoule à près de cent mille copies.
Traducteur d’une biographie de Pancho Villa, à son aise dans les forêts de l’Ariège autant que dans les salons de coiffure afro de Château d’Eau, Sylvain Prudhomme vient de publier un recueil de nouvelles écrites en confinement : « Les Orages ».
En partenariat avec Babelio.
(3/3) Le plein de Super
À 30 ans, Sylvain Prudhomme part vivre au Sénégal pour diriger deux ans durant l'Alliance française d’une ville du sud, Ziguinchor, posée sur les rives du fleuve Casamance. Il y rencontre certains musiciens d’un orchestre « mythique » de Guinée-Bissau, Super Mama Djombo, fabuleusement populaire dans les années 70-80, qui connut la ferveur des stades en tournant dans toute l’Afrique de l’Ouest, en Amérique latine, à Cuba ou en Europe. Mémoires chaloupées des espoirs d’une nation au lendemain de son indépendance, leurs chansons bercent le séjour de l’écrivain. Prudhomme fera du Mama Djombo les héros magnifiques du roman « Les Grands » (Gallimard), qui le révèle en 2014, vendu à ce jour à dix-huit mille exemplaires. Il invente pour l’occasion un personnage central, le guitariste Saturnino Bayo dit « Couto », « mélange d’ancienne gloire grisonnante et de branleur impénitent », « seigneur invariablement désœuvré, invariablement fauché, le putain de patron de la dalle au ventre », qui dès la première phrase apprend la mort de son amour de jeunesse, la chanteuse Dulce (fictive, elle aussi). Vétérans et nouvelles recrues du groupe décident alors d’improviser un concert en son honneur, le soir même – alors qu’un coup d’Etat se prépare.
Roman de deuil à la sensualité rare, « Les Grands » lance Couto un jour et une nuit dans Bissau, au gré de ses souvenirs romantiques ou politiques, dans un « mélange de peine et d’excitation », entre les manguiers fourrés de chauve-souris, les gamins qui jouent au foot, les braseros qui éclairent les visages et les « mille accidents du sol ». La narration résonne d’une oralité jamais chiquée – et l’âge d’or de l’orchestre, comme sa progressive dislocation, y palpite beaucoup mieux ainsi que dans une biographie. « Tu nous a demandé d’envoyer la dynamite mon vieux, tu vas être servi. » Mais comment trouver la note juste, dans le boucan des anecdotes en pagaille ? C’est le sujet de ce troisième et dernier épisode.
Bookmakers